Gellu Naum (1915-2001) est non seulement un des plus grands poètes roumains d'aujourd'hui, sinon le plus grand, mais aussi une figure charismatique : il a su exercer une influence jamais démentie sur les nouvelles générations poétiques en Roumanie. Tout a commencé avec la fondation en 1939 à Bucarest, par Gellu Naum et Gherasim Luca (qui devait, en s'exilant en France après la guerre, devenir un important poète de langue française) de retour d'un séjour de Paris, d'un groupe surréaliste s'affirmant comme tel, dont Sarane Alexandrian a pu écrire qu'il a été «le groupe le plus exubérant, le plus aventureux et même le plus délirant du surréalisme international» (Le surréalisme et le rêve, Paris, Gallimard, 1974). Après trois livres de poèmes publiés entre 1936 et 1940 (Le voyageur incendiaire, La liberté de dormir sur un front, Vasco de Gama), une plongée dans la clandestinité poétique entre 1941 et 1944, quatre autres livres aux lendemains immédiats de la guerre (Le couloir du sommeil, 1944, Medium, 1945, Le terrible interdit, 1945, Le château des aveugles, 1946), Gellu Naum devait connaître une longue période de silence, imposé par le stalinisme, rompue seulement en 1968 avec Athanor, suivi de L'arbre-animal (1971), Mon père fatigué (1972), La description de la tour (1975), L'autre côté (1980), Zenobia (1985), La rive bleue (1990) et enfin son dernier livre de poèmes publié en 1994, Face et Surface.