Je ne saurais expliquer comment mon dialogue avec Dieu est
parvenu aux hommes d'en bas. Je ne saurais même affirmer qu'il leur
soit parvenu. Comme je m'en ouvrais à mon Interlocuteur : «Tsitt...»,
dit-Il comme Il a coutume de le faire lorsqu'une question Lui paraît
importune. Il me laissa pourtant entendre qu'au regard des moyens de
communication dont Il disposait, Internet n'était que roupie de
sansonnet. L'évocation du Net fit passer une ombre sur l'auguste
front : «Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue,
et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne
sera irréalisable pour eux».
Des nouvelles de l'au-delà ! Un Trépassé dialogue avec Dieu, et ce
n'est pas triste ! L'un soutenant l'autre, ils relisent les Ecritures. Le
big-bang ? ça ne m'intéresse pas, dit Dieu. Jonas ? j'adore, quel bon
tour je lui ai joué ! Yahvé marche en tête des armées d'Israël ? qu'est-ce
qu'ils m'ont mis sur le dos ! Salomon ? trop porté sur «la chose».
Avec la révolution christique, tout change, et aussi le ton de Dieu.
L'émotion remplace le badinage. L'évocation des Béatitudes et le récit
de la Passion tirent des larmes au Trépassé... et à Dieu.
Et voici les temps modernes. Le monde d'aujourd'hui met Dieu
fort en colère : «Ils m'ont tué, disent-ils». Il craint que les hommes ne
lui volent son numéro final : la fin du monde, Internet aidant, pourrait
être l'apothéose de la crétinerie.