« J'aurais voulu être Alexander Trocchi. J'aurais voulu être aussi beau, aussi singulier, aussi talentueux que lui. J'aurais aimé moi aussi être un séducteur en série, un libertin sans entraves. Moi aussi, j'aurais été adulé par Patti Smith, William Burroughs, Allen Ginsberg, Jim Morrison, Leonard Cohen, John Lennon ou Eric Clapton. En Alexander Trocchi, j'ai cru voir mon envers solaire, mon frère de lumière, un modèle, un exemple à suivre. Il avait fait de sa vie une oeuvre d'art. Et puis, un jour, j'ai découvert qui il était vraiment. »
Proche de Debord, Alexander Trocchi (1925-1984), lettriste puis situationniste, a été éditeur à Paris, journaliste puis capitaine de chaland à New York, et serait peut-être devenu un grand écrivain s'il n'avait eu un talon d'Achille : l'héroïne, dont il était un fervent défenseur. Détesté par les bien-pensants, poursuivi par la police, il a passé son temps à fuir les autorités comme les responsabilités. Évoquant une époque bohème presque irréelle, Christophe. Bourseiller réhabilite ce personnage déclassé, hors norme, « dandy psychédélique » pour les uns et « Camus écossais » pour les autres.