«Anna Grigorievna Dostoïevskaïa ne s'insinue pas dans l'âme de son mari et «héros», Dostoïevski, du moins dans sa part créatrice. Elle s'appuie sur ce qu'il dit, ce qu'elle voit et vit, et encore sur ce que disent et écrivent les pairs et les connaissances du romancier. Elle s'en tient à l'homme, au vécu, retrace la vie et, à légères touches, réussit même à brosser la fresque de ce XIXe siècle russe finissant... On ne rendra jamais assez hommage à l'extraordinaire don d'observation d'Anna, à son art de relever les détails infimes, concrets (objets, petits faits quotidiens, scènes d'enfants, costumes, mobiliers, tableaux, etc). Anna Grigorievna a la vivacité et le don du conteur. Elle habille de chair la trame du jour.
«Elle écrit juste et clair, avec une sobriété de moyens qui rassure, sans effets gratuits. Aucune coquetterie d'écriture comme il n'y avait aucune recherche de toilette dans sa vie austère et frugale. Pour autant, aucune tristesse et même parfois de l'humour gai et vivifiant, sans cette ironie agressive dont use Dostoïevski dans certaines de ses œuvres. Anna Grigorievna est une âme fraîche, directe et bonne. Elle emporte l'adhésion du lecteur par son absence de pose, sa sincérité et sa spontanéité. Et ses Mémoires élèvent le tombeau le plus vivant qu'on puisse composer en l'honneur de son grand homme, l'écrivain Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski.»
Jacques Catteau