Le couturier Jacques Doucet (1853-1929) fit don à l'Université de Paris en 1917,
de son exceptionnelle bibliothèque d'art et d'archéologie : 100 000 imprimés,
500 manuscrits, 150 000 photographies, 1 millier de dessins, 10 000 estampes,
2 000 recueils de gravure... «Quand on compare la situation actuelle des études d'art
en France à ce qu'elle était dans ma jeunesse il y a quarante ans, la vogue d'aujourd'hui
à l'indifférence d'autrefois, on attribuera certainement à la bibliothèque de Doucet
une grande part de ce résultat». Tel est l'hommage qu'André Joubin, premier directeur
de la Bibliothèque, lui rendait en 1930.
Ce fonds a été continuellement enrichi et l'Institut national d'histoire de l'art
- désormais gestionnaire de la Bibliothèque - souhaite faire découvrir aux lecteurs
amateurs, comme en avant-goût, quelques-uns des trésors amassés dont cinquante
sont ici présentés par des spécialistes.
La personnalité du couturier-collectionneur et mécène est évoquée par son biographe
François Chapon. Et l'écrivain Bernard Comment, séduit par le parcours hors normes
de Jacques Doucet, prête son style à une méditation sur l'art, l'art de lire, l'art de collectionner :
«l'émotion est forte lorsqu'on consulte ces innombrables joyaux, et l'on imagine les réunions
jubilatoires lorsqu'une de ces acquisitions intégrait les pièces de la bibliothèque (...)».
De Jacques Doucet on peut retenir aujourd'hui la déclaration prophétique :
«C'est toujours en avant que je veux voir».