L'ouvrage rassemble une vingtaine d'articles que Jean Salmon, a écrit au cours
des années et qui se consacrent à la place et au rôle de l'argumentation en droit
international.
Ces réflexions se situent à la croisée des enseignements du philosophe Chaïm
Perelman sur la rhétorique et ceux de l'internationaliste Charles Chaumont sur les
contradictions en droit international.
Le droit entend conformer les faits d'existence à du devoir être ; il le fait par un langage,
exprimé dans le cadre d'un système et d'institutions, qui, elles-mêmes sont dominées
par les contradictions entre les valeurs et les aspirations des Etats, créateurs par leurs
volonté commune ou antagonistes des règles qui les gouvernent.
L'ordre juridique qui en résulte n'est ni clos, ni complet ; il est lacunaire, permet
l'esquive. Il est fondé fréquemment sur un langage ambigu, faisant une place
importante aux notions confuses La solution des antinomies n'est pas aisée en raison
de l'absence d'hiérarchie entre les règles ou entre les organes chargés de les résoudre.
La qualification unilatérale reste majoritaire, l'idéologie affichée ou occultée dominante.
Dans un tel contexte, l'argumentation, quoique soumise à ces contraintes et aux
rapports de force, est présente à chaque moment de la vie du droit : sa création, son
interprétation, son application au cas concret ou son évolution. L'identification de
l'auditoire que l'on désire convaincre, le choix des arguments susceptibles d'y parvenir
sont essentiels. Néanmoins, la prétention que le raisonnement juridique est présidé
par le syllogisme judiciaire est largement illusoire. La motivation du juge international,
essentielle pour régler les conflits, étant elle-même une argumentation qui doit
convaincre, est un exercice d'autant plus délicat.