1959. Jean Vilar demande à un jeune journaliste de devenir son
interlocuteur pour toutes les grandes interviews à paraître dans
BREF, l'organe du Théâtre national populaire. Jacques Jaubert
prendra pendant cinq ans le chemin du domicile familial, sur la
colline de Chaillot ; il écoutera Vilar parler de ses choix et de ses
«régies», de ses textes préférés. Un jour, emporté par une citation,
le «patron» se met à lire toute une page de Chateaubriand devant
un auditoire admiratif... et unique. Au fil des visites, une relation
singulière, faite de proximité et de confiance, s'établit entre l'aîné
et le cadet. De la mort de Gérard Philipe, dont il est souvent
question ici, au départ du «patron», Vilar conte au fil des
rencontres la geste du TNP, le premier festival d'Avignon, avec ses
peintres et ses poètes, les succès, les tournées, le divorce avec les
autorités de tutelle, qui provoque sa démission. L'auteur suit pas à
pas le chemin malaisé qui éloigne Vilar du théâtre, et lui-même de
Vilar. Ne resteront que les regrets et les souvenirs.