Du sens II n'est pas une simple suite de Du sens I. A. J. Greimas y
étend, par un geste décisif, les acquis de la sémiotique à des domaines
qui excèdent très largement celui où elle se reconnaît d'emblée. Le
texte dit théorique apparaît ainsi comme gouverné par un programme
narratif : l'auteur, étudiant une préface de Georges Dumézil, montre
comment elle s'organise comme une quête de la vérité, rencontrant
des obstacles - c'est-à-dire en des termes analysables par l'étude structurale
du récit. D'autres textes, à première vue surprenants, eux aussi,
peuvent relever de cette description : est examiné, en particulier,
le programme narratif d'une... recette de cuisine.
Mais surtout, A. J. Greimas aborde des questions encore plus
primordiales que celles qu'il avait jusqu'ici traitées : c'est de la construction
de l'objet par le discours ou du sujet dans le discours qu'il donne
une description formelle, en décrivant notamment les constellations
sémantiques de l'univers du croire et de l'univers du savoir ; en amorçant
une étude sémiotique des passions (de la colère par exemple).
Le sémio-narratif apparaît ainsi comme une forme bien plus large
que le récit littéraire auquel on le ramène en général : il est la trame
même non seulement de la communication et de la vie sociale mais
aussi de la vie émotionnelle et affective.