Du service public à la télé-réalité
L'auteur nous propose un récit inédit : la première histoire intégrée des télévisions européennes qui ne se contente pas de juxtaposer les perspectives nationales. Centré sur les cinq grands pays : France, Allemagne, Italie, Espagne et Royaume-Uni, il propose aussi des aperçus sur les petits voisins (Pays-Bas, Pays Scandinaves, notamment).
L'Europe a été traversée par une tension fondamentale entre la volonté d'intégration économique et politique et la dynamique fondamentalement nationale de la culture de masse, analysée ici à partir de l'exemple de la télévision. Le fameux « déficit démocratique » de l'Europe est aussi un déficit culturel. La culture de masse est le lieu d'un retour du refoulé national que l'on croit trop volontiers limité à l'émergence des partis nationalistes, mais qui touche plus profondément les consciences collectives européennes, en quête de héros et de drames nationaux. La déréglementation et la « télévision sans frontières » n'ont pas encouragé une unification, tout au plus une domestication par chaque pays de la télévision états-unienne. On importe toujours les succès américains mais de plus en plus, on adopte, on copie (et parfois l'on réexporte, comme avec Big Brother / Loft Story) des formats inspirés par la culture télévisuelle américaine.
À défaut d'une introuvable euroculture, l'auteur suggère des usages de la télévision qui encouragent sinon une identité européenne, au moins la protection de cultures originales et une meilleure compréhension entre nations. Cela peut être le lieu d'une redécouverte d'une notion idéalisée, fragile dès l'origine, mais toujours indispensable : le service public.