Prolongeant et explicitant la pensée saussurienne, la conception dynamique des structures langagières constitue une alternative aux approches formalistes dérivées du programme chomskien. Le langage n’y est plus conçu sous le mode d’un calcul formel, mais comme un système de processus différenciateurs travaillant à modeler et à délimiter, suivant les intentions de sens des locuteurs, des régions de signification. La conception dynamique réinvestit certains fondements épistémologiques et méthodologiques de la linguistique contemporaine. Très précisément, on s’attache à montrer qu’elle procède d’un ajustement du critère de « réfutabilité », proposé par Karl Popper, à l’ordre des phénomènes langagiers. Prenant appui sur les concepts fondamentaux du structuralisme saussurien, et après une évaluation critique des modèles formels en linguistique, une architecture fonctionnelle est proposée, où les unités de langue se composent au croisement des dimensions de l’expression, du contenu et de la recevabilité. Cette architecture, qui ambitionne de fournir une analytique de la connexion signifiant-signifié, du régime de l’intégration en langue, du phénomène de recevabilité et des processus de catégorisation du contenu (par émergence d’un réseau de frontières) est développée dans le cadre d’une modélisation morphodynamique. Elle débouche sur une conception du langage comme système de production négociée et de stabilisation de valeurs sémantiques.