Un village du nord de la Martinique. Ce village a pour nom Grand-Anse, où l'auteur a goûté sa prime enfance dans la boutique de sa marraine, Eau de Café, boutique fréquentée par des personnages hauts en couleur, tous taraudés par la naissance de la mer : Thimoléon et son tambour au son rauque, héraut de la négraille ; le Blanc créole de Cassagnac, accablé d'une souffrance inavouable ; René-Couli, l'égorgeur de boeufs à l'abattoir municipal et prêtre hindou. Haute figure entre toutes celle d'Eau de Café, femme qui "sait". Mystérieuse figure que celle de la petite Antilia, enfant "apparue de nulle part" que les habitants du village croient fille de la mer et donc maudissent. Raphaël Confiant, armé de cette langue savoureuse et chatoyante qu'est le français des Antilles (un français nourri de la sève créole), mène une enquête sans complaisance qui le conduit à bousculer des êtres chers, à déranger l'ordre ancestral des choses, quitte à flirter avec la déraison. Eau de Café est aussi un roman d'amour à la terre matricielle, aux vieilles gens et à leurs croyances, à la femme créole surtout, si étonnamment présente dans un univers où la violence a toujours régné presque sans partage.