Théorisé dans les dernières années du XIXe siècle par
Georges Sorel, le syndicalisme révolutionnaire se
distinguait des autres tendances du mouvement
socialiste par son insistance sur l'idée de grève générale et
son refus de participer au jeu des partis politiques et de la
démocratie parlementaire. La classe ouvrière devait se
libérer par ses propres moyens afin d'instaurer une « société
de producteurs » sur les ruines de la société bourgeoise, d'où
l'importance donnée aux syndicats et à l'« action directe ».
Telle est la doctrine qui triompha en 1906 à l'intérieur de
la CGT, avec l'adoption de la célèbre Charte d'Amiens.
Considéré par les historiens des idées comme le meilleur
disciple de Georges Sorel, Édouard Berth resta toujours
fidèle à l'idéal du syndicalisme révolutionnaire. À l'exemple
de son maître, il se voulait un « serviteur désintéressé du
prolétariat ». Mais son parcours fut plus qu'original. Formé
à l'école de Proudhon et de Marx, admirateur des valeurs
héroïques de l'Antiquité, il participa aux côtés de Georges
Valois à l'aventure du Cercle Proudhon, fut successivement
séduit par Maurras et Lénine, qu'il entreprit ensuite de
critiquer vigoureusement. Il mourut en 1939, à la veille de
la Seconde Guerre mondiale. Ce livre, qui s'appuie sur des
documents inédits, est la première biographie publiée sur
Édouard Berth. Il éclaire toute une époque d'une lumière
nouvelle.