Le surréalisme, le cinéma d'avant-garde, la Nouvelle Vision : Eli Lotar (né en 1905) a livré dans chacun de ces domaines des images, fixes et animées, parmi les plus emblématiques de l'histoire visuelle. Il demeure cependant, encore aujourd'hui, une figure complexe au parcours difficilement lisible. À partir de sources inédites, Damarice Amao analyse sa carrière à l'aune de sa double identité de photographe et de cinéaste mais aussi de cinéphile.
Eli Lotar meurt en 1969 après avoir poursuivi une carrière tumultueuse de photographe et de cinéaste. Son documentaire, Aubervilliers (1945), et son travail de directeur de la photographie auprès de Luis Buñuel et d'Alberto Cavalcanti lui ont assuré une solide réputation dans les milieux cinéphiles, dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Mais, alors qu'il fait partie des pionniers de la Nouvelle Vision photographique française aux côtés de Germaine Krull, il faut attendre le début des années 1990 pour que soit reconnu son rôle déterminant dans l'émergence de la modernité visuelle.
Entre photographie et cinéma, la figure d'Eli Lotar s'offre comme une source d'enseignement décisive pour comprendre ce qu'a été le regard photographique moderne à Paris dans l'entre-deux-guerres.