Intronisée grâce à un coup d'État fomenté par
la France, Élisabeth Ire est la dernière autocrate
issue directement de la famille des Romanov. Elle
régnera pendant vingt ans sur l'immense empire
russe (1741-1761).
Adorée par son père Pierre le Grand, qui la
fait peindre nue en petite Vénus, Élisabeth suit
résolument les brisées du tsar. Elle procède à des
réformes importantes, dont certaines très en avance
sur son temps, à commencer par l'abolition de
la peine de mort, une première dans le monde
civilisé ; elle émet des décrets soucieux de la dignité de la femme et fait
état d'une conception avant-gardiste de l'urbanisme ou de l'écologie. Son
gouvernement engage des mesures fiscales et met une révision du code
de lois en chantier. L'art - l'architecture, le théâtre, la musique - atteste
la volonté de la souveraine d'associer harmonieusement les influences
occidentales aux valeurs proprement russes.
La Russie pèse alors de tout son poids sur la diplomatie et les conflits ;
elle représente une grande puissance continentale, mais s'érige aussi en
protectrice des chrétiens d'Orient. Bien avant les Soviétiques, elle intègre
la Prusse orientale dans son empire. Pendant la guerre de Sept Ans, ses
armées parviennent à écraser Frédéric II ; et seule la mort d'Élisabeth
permet au roi de Prusse de sauver son honneur. Adulée par les philosophes
des Lumières, chérie par ses compatriotes, cette «joyeuse impératrice»
s'efface pourtant derrière les personnalités écrasantes de Pierre Ier et de
Catherine II. À l'aide de nombreux documents inédits, cette biographie
scrute avec bonheur la personnalité et le rôle d'une autocrate que le Grand
Frédéric n'hésita pas à appeler «la bête» ! Libre et affichant un mode de
vie peu conforme à l'Étiquette, Élisabeth annonce les revendications de la
femme du XXIe siècle.