La gauche doit faire face à de nouveaux enjeux. Les idées de Jean Jaurès ne suffisent plus. La gauche est confrontée à un nouveau tournant de son histoire. Sans réalisme, la gauche ne survivra pas.
La crise que connaît la gauche européenne n'est ni une crise d'agonie, ni une crise de croissance, mais une crise de refondation, la troisième de sa longue et tumultueuse histoire. A l'âge utopique et révolutionnaire du socialisme des origines (1860-1914) a succédé un âge réformiste et parlementaire (1920-1950) puis un âge keynésien et gouvernemental (1950-2000). Aujourd'hui, des évolutions majeures – la mondialisation et la financiarisation du capitalisme, la troisième révolution industrielle, l'urgence écologique, le retour de la guerre en Europe, l'avènement de la démocratie médiatique et numérique – contraignent la gauche réformiste à une nouvelle mutation. Plusieurs partis socialistes s'y sont attelés, à la fin du siècle dernier. Mais les " nouvelles voies " qu'ils ont mises en œuvre étaient étroitement nationales, alors que les défis de notre nouveau monde appellent des réponses internationales, ou au moins européennes. Après de premiers succès, ces stratégies du chacun pour soi ont débouché sur l'échec de tous. Le PS français n'a pas fait exception : sous la mandature de Lionel Jospin, il a mis à jour, en théorie et en pratique, son socialisme républicain, hérité de Jean Jaurès. Malgré des succès économiques remarquables et de nouvelles conquêtes sociales, cette expérience a débouché sur le désastre de 2002. La réflexion et l'expérimentation se poursuivent sous la mandature de François Hollande, à laquelle l'auteur consacre plusieurs chapitres. Après les compromis conquérants des " trente glorieuses ", les compromis défensifs de crise, s'affirme un compromis social-démocrate de troisième type : celui d'une réponse progressiste au nouveau capitalisme et au nouveau rapport de puissance.