Aux réponses traditionnelles relatives au sens de notre modernité - la mort
de Dieu, la mort de l'homme - dont il réfute la pertinence, Vincent
Peillon substitue une autre piste de lecture. Ce qui se joue dans notre
temps, c'est la mort du politique. Réduite à l'économie, à la morale ou
à la seule communication, la politique n'est-elle pas elle-même devenue
«antipolitique» ?
Mais qu'est-ce que le politique dont il s'agit ici ? Nos traditions démocratiques
se sont construites autour d'une alliance entre philosophie et
politique, un mode d'organisation de la Cité et un type de rationalité
critique. Socrate apostrophant les puissants - hommes d'argent, de pouvoir
ou de verbe - illustre le fondement de cette histoire. Celle-ci s'est déployée
à travers l'humanisme civique de la Renaissance, les Lumières et
la Révolution, la fondation de la troisième République, toujours dans la
lutte et l'affrontement avec ceux qui veulent exercer le pouvoir, prétendent
posséder la vérité et se prennent pour des dieux.
Nourri d'une méditation continue des oeuvres des philosophes classiques
et modernes, particulièrement de Merleau-Ponty, mais aussi d'une expérience
d'homme politique, Vincent Peillon propose de renouer les liens
du politique à l'action et à la vérité, de la philosophie à la Cité, qui seuls
pourraient permettre, en un temps où la démocratie est fragilisée, un
autre avenir que de ténèbres.