Avant de nous entraîner dans une aventure qui tient autant du
conte que du pamphlet ou de la satire et qui se présente comme
une sorte d'illustration de la "connerie" sous bien des aspects dans
l'exercice du pouvoir, Yves Marchand prend soin, à titre d'initiation,
de nous faire réfléchir, dans ce qu'il appelle un petit manuel
d'ethnographie à la nature profonde de la "connerie" sous
toutes ses formes. Si le texte reste d'une facture classique, le langage
est bien de son temps. Les exemples sont saisissants, drôles
et la pensée percutante.
L'éloge, dans la tradition des moralistes du XVIIIe siècle, se veut
didactique et humoristique. Il traite sérieusement, dans une complicité
de bon aloi avec ses lecteurs, d'un sujet qui devrait normalement
déclencher leurs foudres. Avec un sens réel de l'autodérision,
il en profite pour se moquer autant de lui que des autres, s'attirant
sans doute ainsi une certaine bienveillance. Le sujet est traité avec
une réelle apparence de sérieux, mais l'auteur, lui, ne se prend pas
au sérieux.
Le conte, qualifié de "Fantaisie-Impromptu" sous le titre Les
avatars du vice-roi, n'épargne pas ses cibles en leur accordant toutefois,
pour qualifier leurs actes, le bénéfice du doute. Entre "connerie"
et "perversité", le lecteur tranchera.