Il a fallu à Emmanuelle Amsellem trente ans d'études sur les oeuvres de ses maîtres - Signac ou Vieira da Silva -, de pratique de la peinture et de la sculpture pour que l'artiste parvienne à éveiller cette vie qui sommeille dans la matière des pigments et qui se réserve dans leurs propriétés lumineuses. Élaborées grâce à une technique inédite, le « pointillisme au couteau », les oeuvres sont construites par un travail remarquable d'infimes variations accumulées dans des compositions abstraites et suaves, rêveuses et rigoureuses, qui sculptent véritablement la couleur monochrome : le bleu, le noir ou le blanc. Inspirée par la géométrie, l'architecture et les arts décoratifs, Emmanuelle Amsellem fait parfois du tableau la synthèse du labyrinthe, du paravent et de l'échiquier... Le regard de Sébastien Mullier nous initie aux arcanes de cette peinture mystérieuse, élevée à la puissance du vitrail. Nous suivons avec lui le parcours du peintre, nous voyons la lumière se métamorphoser sans cesse sur les pigments, pigments qui nous invitent à une méditation à la fois spirituelle et poétique.
« J'aime la peinture. Lorsque je regarde une belle toile, je peux perdre la tête et j'éprouve une joie intense, une euphorie intérieure, c'est pour moi aussi fort que la sensation que j'ai ressentie devant l'Aurige de Delphes ou le David de Verrocchio et de Donatello, la sculpture fait résonner la matière, la peinture apporte l'harmonie dans les lignes et les couleurs.
J'aime la peinture d'Emmanuelle Amsellem parce qu'elle me fait rêver. Dans ses toiles, chacun laisse errer son imagination au gré de ses rêves et de ses phantasmes...
Emmanuelle très jeune encore est déjà une artiste de grand talent... »
Marie-Claire Mendès France, 12 mars 1992