En 1909, le gouvernement du Président du conseil
Georges Clemenceau est renversé. Le futur «Tigre» de la grande
guerre est contraint au «repos», ce dont il profite pour retrouver
les joies de l'écriture journalistique - les premières amours
du fondateur de L'Aurore -, et répondre à quelques sollicitations
comme celles de venir donner des conférences lors d'une tournée
en Amérique du Sud : Argentine, Uruguay et Brésil.
Les notes de voyage prises en Argentine, écrites après-coup à la demande
de L'Illustration, sont passionnantes et témoignent des qualités d'observation
d'un naturaliste soucieux de ne pas endosser le rôle du donneur de leçon en
visite dans un pays neuf.
Il ne prend pas la peine de mentionner ses propres conférences sur la
démocratie, préférant consacrer toute son énergie et son talent d'écrivain à
la description d'un pays alors en plein essor et qui fête en 1910 le centenaire
de son indépendance : «Notre infatuation n'admet pas volontiers que nous
ayons quelque chose à apprendre de jeunes sociétés dont il nous arrive de
parler avec trop de détachement. Nous ne saurions nier pourtant que leur
tentative soit belle, et qu'elle s'achemine d'un pas résolu vers le succès.»
Les gens et les lieux, les gouvernants et les Indiens, l'architecture et la
pampa, l'économie et les espèces sauvages... tout concourt à satisfaire sa
curiosité, et la nôtre après lui.