En 2007, Pierre Jourde pouvait écrire sans crainte d’être démenti qu’« en ce qui concerne la littérature contemporaine, parler de bien et de mal paraît tout à fait obsolète ». Ce genre de position n’est plus aisément défendable aujourd’hui : elle se doit d’être justifiée et expliquée, sous peine de se voir reprocher une attitude intellectuelle nostalgique et passéiste, voire d’être à son tour classée comme arrière-garde culturelle ou comme anachronisme, face à un horizon de réception ainsi qu’à des paradigmes critiques radicalement bouleversés. Au moment où le champ de la théorie littéraire connaît un tournant éthique encore impensable il y a quelques années, ce livre saisit l’occasion d’examiner les nombreux liens entre la littérature et la morale.
Les essais de ce volume se déploient de manière chronologique, du début de l’époque moderne à la période contemporaine, examinant chacun une intersection particulière de la littérature et de la morale : leur ambition est de repérer et de problématiser les logiques des rapports qui caractérisent esthétique et éthique.