Les communications de ce volume sont le fruit de trois journées d'étude tenues à Brest et Quimper en 2013 et 2014. Les intervenants venaient de différents horizons : archéologie, histoire, littérature, histoire de l'art, linguistique... mais avaient accepté de jouer notre jeu de l'interdisciplinarité pour traiter le thème « En marge » des Bretagnes médiévales. Il nous paraissait pertinent d'aborder notre objet d'étude, les Bretagnes médiévales, par le biais de ses pourtours, qui circonscrivent le centre et permettent de mieux le définir.
Les marges se présentent sous la forme d'espaces entre-deux, espaces de contacts ou de conflits, qu'ils soient réels, comme l'estran, les essarts, les forêts ou les marais, ou symboliques - tel l'espace vierge du manuscrit où sont glissés des marginalia qui entretiennent avec le texte une relation souvent complexe -, mais ils sont aussi investis par des individus ou des groupes à l'écart des normes sociales ou des codes littéraires. Les régions où étaient pratiquées les langues celtiques, espaces politiquement et économiquement dominés, furent investies de toutes les vertus déniées au monde moderne et apparurent comme des espaces sauvages, soumis et irréductibles. Des marges des manuscrits aux visions fantasmées des peuples et des frontières, les Bretagnes, terres des fictions médiévales, sont ainsi apparues comme un lieu privilégié de projection de l'imagination du Moyen Âge au XIXe siècle, et certainement encore de nos jours.