«Puisque la pensée m'apparaît comme la galaxie éternelle et
toujours neuve des myriades de nuances que présente le
monde, et puisqu'en premier et dernier lieu, je suis un penseur
(et non un être vivant), il me faut fixer tant bien que
mal cet amas stellaire, en le déformant certes, et en assumant
pleinement les paradoxes et les vides stylistiques
inhérents à toute description. La vraie réponse intellectuelle
au monde ne saurait être mythe ou philosophie,
roman ou essai ; ce sont là fictions isolées, narcissismes
irrationnels, jeux ou - dans le meilleur des cas - "tendres
langueurs" selon l'expression propre à l'un des fils du vieux
Bach. Non, la seule réponse, c'est la restitution pleine et
entière de la vie, avec tous ses phénomènes vibratiles, ses
chaînes d'associations infinies et ses millions de variantes
mentales ! Qu'une telle approche puisse être taxée de
«rêve romantique de la totalité» en dit long sur le mépris
de nos contemporains...»