Lassée de participer au cirque social qu'elle observe quotidiennement à Montréal, Anouk quitte son appartement pour une cabane rustique au Kamouraska, là où naissent les bélugas. Encabanée dans le plus rude des hivers, elle apprend à se détacher de son ancienne vie et renoue avec ses racines. Couper du bois, s'approvisionner en eau, dégager les chemins, les gestes du quotidien deviennent ceux de la survie. Débarrassée du superflu, accompagnée par quelques-uns de ses poètes essentiels et de sa Marie-Jeanne, elle se recentre, sur ses désirs, ses envies et apprivoise cahin-caha la terre des coyotes et les sublimes nuits glacées du Bas-Saint-Laurent.
La sève se liquéfie à la chaleur. Doucement, je la fais couler dans ma plaie, puis presse les deux rives ensemble en mordant ma mitaine pour ne pas crier. Les larmes pleurent toutes seules. Je fais voeu de silence et d'immobilité, de crainte que mon pansement de fortune ne cède au moindre remuement de mes lèvres. Je porterai toujours la marque de cet hiver à la cabane, une cicatrice de la vie en terrain sauvage... avec la conviction que c'est à partir de cette blessure que je suis devenue adulte, assumant totalement ma décision de vivre en autonomie, avec tous les risques que ça implique. Fini, la facilité de te démerder en ville grâce à ta belle gueule.