« Les dictatures donnent souvent naissance à d'excellentes littératures. C'est un paradoxe réjouissant, auquel l'Indonésie n'a pas échappé. Comme l'Albanie l'a fait avec Kadaré, ou la Russie avec Soljenitsyne, elle s'est acharnée contre son écrivain le plus prometteur, Pramoedya Ananta Toer, et celui-ci, de son côté, s'est escrimé à ne jamais baisser la garde. Il a fini par gagner
la partie. »
André Clavel, Le Temps
Roman traduit de l'indonésien
par Dominique Vitalyos
Voici le nouveau volet d'une histoire qu'on voudrait sans fin tant elle est captivante et considérable. L'histoire que « Pram » racontait à ses compagnons de bagne sur l'île de Buru - une histoire aventureuse et romanesque, une histoire politique aussi, qui nous emmène à Surabaya, en Indonésie, au tournant du siècle.
Jeune intellectuel javanais, Minke s'est vu ravir sa femme au lendemain de leurs noces. À Ontosoroh, concubine d'un riche colon, on a ravi sa fille, et bientôt le domaine qu'elle a mis une vie à bâtir. Face aux rouages bien rodés de la domination coloniale, Minke et Ontosoroh sont désormais indéfectiblement liés. Le combat n'en est qu'à ses débuts...
En rencontrant Surati, défigurée volontaire pour échapper aux griffes du directeur hollandais de la sucrerie, ou Trunodongso, paysan exproprié et ses rêves de sédition, Minke se décide à prendre la plume, et à écrire au nom de son peuple.
Par sa richesse romanesque et sa force d'évidence, Enfant de toutes les nations est une oeuvre majeure, où l'on entre pour ne plus ressortir, sinon heureux d'avoir intimement perçu, à travers la conscience d'un homme, une comédie humaine à la mesure des peuples et du monde moderne.