Enfants d'Islam et de Marianne
Depuis près de trente ans, les jeunes issus des immigrations musulmanes font souvent figure de nouveaux Barbares, leur identité française se heurtant au soupçon et à la défiance. Les violences urbaines de 2005, le débat calamiteux sur l'identité nationale de 2009 et les enjeux politiques sur le voile intégral accentuent encore cette stigmatisation.
Et pourtant, à la faveur de la démocratisation de l'enseignement supérieur, une révolution tranquille et invisible fait naître peu à peu une classe moyenne musulmane qui se construit une identité intégrée et complexe, l'ethnicité devenant plus symbolique et affective, et le rapport au religieux, très individualisé, dans un contexte paradoxal marqué par la stigmatisation de ses « différences » et la valorisation de sa « diversité ».
Dans un tel cadre social et politique marqué de surcroît par la déstructuration des communautés d'origine, comment l'identité de ces étudiants ou de ces jeunes professionnels se déploie-t-elle entre discours publics et propos privés ? Dans quelle mesure, des banlieues à l'Université, la mobilité sociale affecte-t-elle la vision que ces enfants d'Islam et de Marianne ont d'eux-mêmes et de la place qu'ils sont amenés à tenir dans la société ?