Entre le livre et la lampe
L'érudition chez Pierre Michon, W.G. Sebald et Antonio Tabucchi
L'érudition semble aujourd'hui un terme obsolète, objet de discrédit et de moqueries, largement abandonné. Pourtant, les écrivains contemporains réactivent, de manière paradoxale et critique, des configurations anciennes des savoirs et de la littérature. En tant qu'il désigne des fonctionnements idéaux du savoir, le terme d'érudition sert alors, à l'heure des reconfigurations disciplinaires, à décrire certaines modalités contemporaines des rapports entre les écrivains et les savoirs.
À partir de trois oeuvres centrales dans la littérature européenne et mondiale, ce livre décrit un paradigme dont les écrivains d'aujourd'hui héritent, débattent et transforment les acquis. S'y exprime une pensée critique, inquiète de la transmission des savoirs, plus disséminée et moins affirmative que celles qui se développent dans les champs contigus des sciences humaines ou de la philosophie.
Une galerie de portraits présente divers personnages d'érudits, que campent ces oeuvres. Images idéales de savoirs efficaces, ces personnages invitent aussi à la critique des savoirs établis et de leurs hiérarchies. Cet angle polémique a une vocation : restituer la portée politique et contre-institutionnelle radicale des critiques des savoirs.
De ces savoirs, Michon, Sebald et Tabucchi proposent des usages artisanaux et sauvages, rusés, comme autant d'alternatives à leurs usages majoritaires. Se dessine alors une poétique des textes littéraires contemporains construits en rapport avec la connaissance et l'érudition. Elle exprime une éthique et une politique de l'écriture qui, loin d'opposer le monde et les livres, propose des manières de les combiner dans la construction d'un sens commun partageable.