La révolution orange qu'a connue l'Ukraine en novembre-décembre 2004 a été une révolution pacifique. Bien que systématiquement divisés par le pouvoir, les médias et les manuels d'histoire depuis l'indépendance en 1991, des jeunes Ukrainiens russophones et ukrainophones, de confession gréco-catholique ou orthodoxe, venant de Galicie ou du Donbass, ont fraternisé sur la place de l'Indépendance à Kiev.
Le cardinal Lubomyr Husar avait pressenti très tôt cette révolution de l'esprit. Archevêque majeur de l'Eglise gréco-catholique ukrainienne qui compte plus de six millions de fidèles dans le monde, il répétait aux jeunes, depuis la venue du pape en Ukraine en 2001: "N'ayez pas peur". Dès le début de la campagne électorale, il refusa de soutenir le candidat du pouvoir malgré de fortes pressions et demanda à ses fidèles de prier pour des élections justes. Au premier jour de la révolution, lorsqu'il devint évident que le pouvoir avait préparé un putsch en détournant trois millions de voix, il descendit dans la rue et célébra un office de prières en plein air avec ses frères orthodoxes. Lorsque des balles furent distribuées aux soldats encerclés par les manifestants à Kiev, il défendit ses concitoyens en rappelant publiquement que l'homme est l'image de Dieu.
Couverture: malb studio Flageul