«Dans la surexcitation du péril ou de l'angoisse, l'assassin eut une
inspiration désespérée et macabre.
Eh bien, oui, ce serait Balthazar Buxton lui-même qui tendrait
à travers le guichet le jeton libérateur ! C'était là le seul moyen, il
n'y en avait pas d'autre ! Et encore fallait-il se hâter !
Il empoigna ce petit cadavre léger comme une plume, il le rapprocha
du guichet, donnant à la main, encore souple, la forme
qu'il fallait, engageant - à peine - entre les deux doigts le jeton
pour qu'il tombât facilement, et, en proie à une angoisse atroce, il
se cacha derrière le cadavre qu'il soutenait sous les aisselles d'une
main ; de l'autre main il tenait le poignet du mort, tout prêt à le
pousser d'un coup sec, assez rapide pour que le jeton tombât.
Fritz avait frappé au guichet. [...] Par la plus inconcevable chance,
ce stratagème, [...] eut un succès complet.
Le gardien vit d'un coup d'oeil distrait la main squelettique
pousser le jeton et se retirer précipitamment. [...]
L'instant d'après, la porte à coulisse s'ouvrait, et Fritz Kramm,
guidé par un des hommes, arrivait sans encombre jusqu'à l'auto qui
l'attendait. Il n'avait eu garde d'oublier les cinq chèques de chacun
deux cent mille dollars, payables à la caisse de la Central Bank.»