De Guillaume II à la République de Weimar, de la montée du nazisme à la chute du mur de Berlin, le regard d'Ernst Jünger a embrassé le siècle. Ulysse infatigable, chasseur de cicindèles, collectionneur de sabliers, il a erré sur les cinq continents. La France était pour lui une seconde patrie.
L'auteur d'Orages d'acier et de Sur les Falaises de marbre, ancien légionnaire à Sidi Bel Abbes en 1913, chef de commando sur la Somme en 1917, fut le témoin des années d'occupation à Paris et l'ami des conjurés du complot contre Hitler en juillet 1944.
Jünger perçut, l'un des premiers, l'ampleur planétaire du déploiement de la technique et les traits avant-coureurs du nihilisme européen.
Dans la ligne de Schopenhauer, de Nietzsche, de Spengler et dans les parages de Hölderlin, ses prévisions se sont risquées jusqu'au cœur du XXe siècle - celui des Titans et de la technique - et même du XXIe où il entrevoit la promesse d'un retour à la spiritualité.