Au moment de l'adolescence, parfois même dès 10 ans, le jeune ressent l'éveil de l'amour pour un autre être humain, généralement du sexe opposé. Il ne s'agit pas là de sexualité, davantage liée au corps, mais d'une force qui naît en l'âme et que Henning Köhler appelle « force d'Éros », ce dieu grec de l'amour.
C'est la première fois - mais non la dernière - que la force d'Éros envahit l'être et le porte à aimer et à admirer un autre dont il découvre les qualités et pour lequel il se pare intérieurement et extérieurement. On peut appeler cette expérience l'intuition de l'être profond de l'autre, et cette « force d'Éros » stimule la créativité à la fois de celui qui aime et de celui qui est aimé.
Pour Henning Köhler, cette source d'amour, de tendresse, constitue le fondement de la santé conçue non comme une absence de problèmes, mais comme la faculté de les assumer et de les faire évoluer. En revanche, quand le jeune qui porte en lui l'aspiration à rencontrer dans la réalité un être qui corresponde à l'image idéale qu'il se fait de l'homme voit cette aspiration refoulée par la réalité, des forces d'autodestruction et de destruction s'éveillent en lui, dues à la profonde déception qu'il éprouve. Aussi la réalité sociale est-elle profondément liée à la possibilité que cette force d'Éros puisse pénétrer et trouver un écho dans la réalité.