Errance
du Rouergue à Berlin
Ce « carnet de route » n'était pas destiné à être publié. Lorsque, durant l'été 1944, je l'ai commencé, je pensais uniquement à rédiger une lettre à l'intention de ma soeur.
Je ne sais trop comment ce projet de lettre s'est transformé en un carnet de route que j'ai tenu presque tous les jours entre 1944-1945 durant cette année d'itinérance ; que j'ai tenu et... qui m'a tenu, car il m'a souvent empêché de désespérer totalement de moi et des autres.
En cet immédiat après-guerre, les rayons des librairies commencent à se garnir de récits de personnes qui ont exercé des responsabilités majeures ou qui ont connu les camps de la mort. À côté, mon témoignage apparaît bien pâle et insignifiant Toutefois, je ne peux m'empêcher de penser que mon errance personnelle s'apparente d'assez près à celle de la majorité des Français tour à tour confrontés à la collaboration, à la résistance et à l'épuration...
Mais que l'on ne s'y trompe pas, l'essentiel à mes yeux, est le voyage intérieur que j'ai accompli en parcourant cette France en miettes, qui m'a finalement conduit à trouver enfin ma voie.