John Cowper Powys, nous le savons, est un démiurge de poids : romans, essais, journal, autobiographie sont désormais connus du public français.
Il a également écrit des milliers de lettres, pour la plupart inédites à ce jour. Elles sont si révélatrices de la personnalité de leur auteur, si fourmillantes de détails sur sa carrière de conférencier, d'écrivain, sur ses goûts littéraires, sa vie quotidienne, ses liens avec Llewelyn, le frère adoré, ses amours de passage et ses liaisons marquantes (Frances Gregg et Phyllis Playter), que tout amateur se plongera avec délices (et profit) dans cette correspondance qui fait littéralement partie de l'œuvre. Il y retrouvera, au gré d'une syntaxe et d'une ponctuation souvent (volontairement ou inconsciemment) capricieuses, le style inimitable de l'auteur de Givre et Sang, le flot torrentiel des fantasmes, peurs, lâchetés, exaltations et obsessions de l'homme John Cowper.
Que tous les non-lecteurs de Powys ne se sentent pas exclus : cette correspondance, dont la sélection (1910-1940) s'étend délibérément sur une période charnière de sa vie et des événements du siècle, est aussi celle d'un témoin. Depuis une Amérique, tantôt aimée, tantôt haïe mais toujours "bien-pensante", le visionnaire porte un regard acéré sur les deux guerres mondiales, un regard complice sur les opprimés, un regard séduit sur la féminité : cette foisonnante symphonie d'idées et de sentiments est l'une des plus intéressantes - et émouvantes - de l'époque.