Lorsque lui parvint à Madrid où il se trouvait la nouvelle des débuts
en 1791 de la révolution nègre dans la partie française de Saint-Domingue,
Francisco de Arango y Parreño qui fut l'oracle de la plantocratie
cubaine comprit que l'heure de la félicité avait sonné pour les siens. De
fait, dès les lendemains de la fameuse insurrection dite de Boukman qui
ravagea la Plaine du Nord en Saint-Domingue, la grande île de Cuba va
accueillir un contingent qui ira croissant de colons et de nègres français
rescapés de la tourmente.
L'intense transfert technologique et financier engendré par ce flux
migratoire va modifier en profondeur les structures économiques du
pays d'accueil et y altérer pour longtemps les relations sociales. Dès
lors, l'esclavage cubain se métamorphosa en un système de production
des plus coercitifs lié aux lois du marché. Dans ces conditions, on
assiste à une remontée de l'insurgence nègre liée tant à l'entreprise des
révoltes d'esclaves qu'à l'activisme des libres de couleur tout au long
de la première moitié du XIXe siècle.
Partant, il convenait de s'attacher au processus d'internationalisation
du conflit nègre à Cuba dont les protagonistes ont été les Haïtiens et
les Anglais mus par des desseins bien distincts. En contrepartie, la part
a été faite aux mesures de répression et de dissuasion de la puissance
coloniale qui sut tirer parti de la menace que constituait le «péril noir»
pour juguler les velléités séparatistes à Cuba au temps des guerres d'indépendance
de l'Amérique espagnole.
Enfin, a été mise en lumière l'attitude des gens de Lettres cubains
qui, en s'engageant dans la lutte contre l'esclavage et le préjugé de couleur,
ont ouvert la voie aux Pères de la Patrie, de Carlos Manuel de Céspedes
et Antonio Maceo à José Marti dont on connaît la geste insigne
dans la seconde moitié du XIXe siècle.