Pour René Girault, « être historien des relations internationales », ce n’est pas seulement faire de l’histoire des relations inter- nationales ou développer des recherches dans ce domaine, c’est aussi se poser des questions d’historien ; c’est réfléchir sans cesse sur la validité de ce qui constitue sa propre discipline. Parce que cette préoccupation marque constamment et fructueusement son œuvre, René Girault s’inscrit dans la prestigieuse lignée de Pierre Renouvin et de Jean-Baptiste Duroselle. Ses nombreux disciples ont voulu lui rendre hommage en rassemblant certains de ses textes et en sélectionnant précisément ceux qui rendent le mieux compte de sa réflexion historique. A n’en point douter, il existe une « méthode Girault », une méthode qui, prolongeant et renouvelant celle de Pierre Renouvin, tend à écrire une histoire globale des relations internationales, avec un horizon bien plus large que celui de l’histoire diplomatique traditionnelle. En analysant scrupuleusement les liens entre l’économique et le poli- tique, en mesurant le poids des représentations et des imaginaires sociaux, en démontant les mécanismes de décision, René Girault donne des éclairages très originaux sur des questions fondamentales : 1’« impérialisme », la « puissance », la place de la France dans le monde, la construction de l’Europe et l’identité européenne. Grand historien, René Girault est aussi un intellectuel en son siècle, pour qui toute réflexion sur l’histoire est aussi une réflexion sur la démocratie.