Georges Banu, comme le personnage de Nina Berberova, se place dans la posture de l'accompagnateur qui parle à partir de l'intimité avec des artistes par lesquels il fut séduit. Grâce à des «exercices» qui allient rapidité du trait et pouvoir évocateur, il réunit ici Antoine Vitez, figure tutélaire qui manque tellement aujourd'hui, Jerzy Grotowski et Klaus Michael Grüber, Ariane Mnouchkine et Eugenio Barba, Andrei Serban et Yoshi Oida ainsi que des spectacles hors pair qui se confrontent à l'expression moderne du tragique. Ensemble dû aux affinités que tout accompagnateur assume : on n'accompagne que ce qui vous accompagne.
Du présent vers le passé dont l'ombre portée persiste encore - c'est le chemin de ce livre où se retrouvent des précurseurs contrastés tels Beckett, Brecht, Meyerhold, Tchekhov d'un côté, Charles Garnier, les Nadar, Sarah Bernhardt de l'autre. Ils sont les protagonistes du combat entre moins et plus de théâtre qui, sans vainqueur ni vaincu, traversa le siècle.
Captivé par «l'entre-deux» du théâtre, Georges Banu suit les voyages secrets qui vont de la parole aux chants, du texte au plateau, du maître à l'élève, de la scène au roman. Il révèle le plaisir que pareils «transports» procurent et se rattache ainsi à cette critique affirmative exercée par Bernard Dort qui marqua sa génération.
Exercices d'accompagnement - un livre qui cherche à dire non pas pourquoi fuir le théâtre mais pourquoi le fréquenter encore.