Façons de voir, façon de regarder
Qu'ont-ils réellement vu ? Et comment ont-ils regardé ? La perception n'est pas seulement un phénomène physiologique, mais en grande partie historique et culturel. Ni documents bruts sans détour ni exercices littéraires artificiels, les récits des premiers ascensionnistes nous donnent des indices sur une relation vécue à la montagne. Gilles Duval a retenu les auteurs les plus explicites et les plus représentatifs des XVIIIe et XIXe siècles : Daniel Defoe, Arthur Young, Louis Ramond de Carbonnières, Vincent de Chausenque, Henry Russell et quelques autres. Une arrivée lente pour un premier contact brutal. Passée la sidération devant un objet totalement nouveau, ces marcheurs phénoménaux plus ou moins ouverts au monde des « patoisants » autochtones mobilisèrent leurs références intellectuelles et émotionnelles pour ramener l'inconnu au connu : la science, la poésie, les notions esthétiques alors en vigueur (le pittoresque, le beau et le sublime), et leur mise en oeuvre dans le « jardin anglais » (emblématique de cette époque).
À son tour, l'auteur porte sur eux un regard interrogateur, admiratif et parfois irrévérencieux, afin de mieux comprendre nos propres pratiques, filles de la voiture, du tourisme de masse et d'Internet. Passer sans habiter.