Fantasmâlgories se rapporte à la volonté de la première génération allemande (de l'Ouest) d'après-guerre de se confronter au « fascisme » latent ou manifeste de ses parents : de cette génération qui avait porté Hitler au pouvoir ; de ces soldats, de ces membres de la Gestapo ou des SS qui soumirent et dévastèrent presque toute l'Europe dans une guerre de près de six ans à laquelle nous devons, outre six millions de juifs assassinés, quelque vingt millions de victimes russes et d'indénombrables morts, exilés et vies brisées. Une génération qui alors, depuis 1950, menait en RFA une vie de parfait petit citoyen et refusait qu'on lui parle des exactions de la dictature hitlérienne.
Cette confrontation avec le passé avait été rendue possible (nécessaire) grâce aux changements politiques survenus dans les années soixante qu'avaient impulsés la gauche allemande radicale dans le flot des soulèvements estudiantins du monde entier : aux États-Unis contre la guerre du Vietnam, en France avec « mai 1968 », en RFA par le Sozialistische Deutsche Studentenbund (l'Union des étudiants socialistes allemands), en Italie avec les « brigades rouges » ; mouvements politiques qui visaient bien plus loin : le changement radical des formes de vie bourgeoise dont ils avaient hérité, et notamment - comme allant de soi - la « révolution » sexuelle tant attendue - Make Love Not War.