En 1963, Ernst Nolte, philosophe de formation, fait irruption dans le champ de l'histoire contemporaine en publiant un ouvrage monumental, Le Fascisme dans son époque. Il voit dans l'émergence du fascisme le fruit d'un enchaînement dialectique : une double réaction de type révolutionnaire face au système libéral et démocratique et, surtout, face au mouvement marxiste incarné à partir de novembre 1917 par la révolution bolchevique.
L'historien philosophe cherche à comprendre les deux phénomènes typiques du XXe siècle que sont le communisme et le fascisme. L'une des grandes originalités de sa démarche est l'attention qu'il porte à l'histoire des idéologies, ensembles d'idées qui traduisent des « émotions fondamentales » et peuvent mettre en mouvement des populations entières. Ces émotions fondamentales - peur, haine, mépris, colère, mais aussi enthousiasme, espoir, foi -, François Furet les nommait « passions » et a montré leur importance Nolte n'est pas un historien des idées, mais des idéologies vécues par leurs adeptes comme des religions séculières se livrant à une surenchère permanente dans les promesses de bonheur.
Figurent ici trois textes majeurs de l'auteur sur une époque (1917-1945) qui « a exigé de la vie plus de victimes qu'aucune autre », ainsi que son article de 1986, « Un passé qui ne veut pas passer », qui déclencha en Allemagne la célèbre « querelle des historiens ». Ils sont accompagnés d'une esquisse autobiographique inédite d'Ernst Nolte qui éclaire le parcours intellectuel de l'un des historiens majeurs du fascisme et du totalitarisme, récemment salué par René Girard.
Stéphane Courtois
Ce volume comprend Le Fascisme dans son époque ; la seconde partie des Mouvements fascistes : l'Europe de 1919 à 1945 ; une sélection d'articles (1988-1996) et un extrait de Quand tombe la nuit, Les Fondements historiques du national-socialisme.