Ce livre sur l’histoire du service de formation des jeunes en Algérie (SFJA) est le fruit d’une recherche collaborative menée avec l’Association nationale-SJFA. Le SFJA a été conçu en 1958 à la suite de la crise du 13 mai. Si à l’origine son objectif était d’encadrer les adolescents non scolarisés dans le cadre de la contre-insurrection, à la suite du discours de Constantine ses missions furent élargies pour en faire un des acteurs de la généralisation de la scolarisation en Algérie, le SFJA intervenant là où l’Éducation nationale n’était pas présente. Organisme hybride, civil et militaire, son rôle était de prendre en charge l’instruction générale et préprofessionnelle des jeunes non alphabétisés. Le SFJA a été une expérience inédite d’une politique menée au titre de la jeunesse dans un contexte de contre-insurrection, la volonté des pouvoirs publics étant de lui faire porter un discours en faveur de « l’Algérie nouvelle » puis de « l’association ». Pour ce faire des équipes mixtes de monitrices (« européennes » et « musulmanes » selon les termes de l’époque) furent organisées pour travailler avec les filles et les femmes afin de les instruire et de faire passer ce message d’intégration. Les monitrices du SFJA sont parmi les premières femmes envoyées par l’armée en zone opérationnelle pour travailler au contact entre civils et militaires, à l’image des « unités de mission féminine » créées en 2009 par les États-Unis pour intervenir en Irak et en Afghanistan. En effet, cette histoire méconnue inspire aujourd’hui les stratèges. Pour réaliser cette recherche, les archives civiles et militaires ont été confrontées à l’expérience des témoins. Le livre propose ainsi une écriture originale articulant l’histoire du SFJA à une biographie collective des ex-monitrices sous la forme d’un récit choral, permettant de connaître au plus près les formes prises par cette politique de la jeunesse, pour les filles et les garçons, dans le contexte de la fin de la guerre d’Algérie.