On ne parle presque jamais d'elles et elles prennent difficilement la parole, à tel point qu'elles sont pour certains des « femmes invisibles ». Ce livre est ainsi la première étude sur les violences familiales et conjugales faites aux femmes étrangères et d'origine étrangère. Comment dire son malheur et demander réparation quand on vient d'un environnement social où il n'est pas légitime d'exposer publiquement des problèmes privés ?
La force, l'actualité et l'originalité de cet ouvrage résident dans le matériau qui a servi à analyser ces violences : 400 fiches téléphoniques et 300 lettres adressées à deux associations, Voix de Femmes et Ni Putes Ni Soumises, ainsi qu'une trentaine d'entretiens approfondis réalisés avec des femmes et des jeunes filles. Si la majorité d'entre elles sont de confession musulmane, elles s'éloignent pourtant d'une interprétation traditionnelle et religieuse des rapports homme-femme, lorsqu'elles racontent leur souffrance hors de l'espace privé. Leurs mots sont ceux de l'école, du droit et de la Raison. Loin des polémiques sur la condition de la « femme immigrée » et de la fascination pour le « cas personnel », cet ouvrage fera date, car l'auteur opère avec finesse et rigueur un déplacement radical de notre perception du sort de ces femmes.