Le Philosophe anglais ou Histoire de M. Cleveland
s'impose comme un roman-somme du dix-huitième
siècle, au même titre que les Lettres persanes et La
Nouvelle Héloïse. En découvrant ses bains de sang et de
larmes, ses souterrains et ses îles, ses malheurs extraordinaires
et ses scènes d'horreur, les contemporains de
Prévost se demandaient : «Quelle sombre et farouche
imagination a conçu ce roman ?» Son imaginaire a
cependant sa cohérence : ce livre l'envisage tout au long
d'une descente au fond des cavernes de l'esprit et du
coeur. Cette exploration permet en outre de réévaluer la
dimension philosophique de l'oeuvre, où Prévost traite
les grandes questions religieuses, politiques, philosophiques
et anthropologiques de son époque, avec une
prédilection pour les persécutions et la tyrannie des
consciences.