Wolfgang Rihm, né en 1952, est l'un des compositeurs les plus importants de la scène musicale actuelle, et sans conteste l'un des plus prolifiques. Il a été perçu, dès ses débuts, comme un représentant majeur du courant de la « Nouvelle simplicité », puis comme le musicien typique de l'ère postmoderne, deux étiquettes qu'il réfute de façon virulente dans ses textes. Tout en affirmant une entière liberté vis-à-vis du matériau, du style et des références historiques, Rihm a développé une pensée radicale. Dans ses textes, qui accompagnent et qui éclairent son travail de compositeur, il manie avec virtuosité les paradoxes et les retournements dialectiques, combattant les idées reçues comme les positions dogmatiques. Il y réfléchit notamment à la position sociale du musicien, aux formes de l'engagement éthique, au sens même de la musique, qualifiée d'art « sensuel », et revendique une indépendance qui permette au désir de création de s'affirmer sans entraves. Ses réflexions se situent presque exclusivement dans le domaine de l'esthétique, le compositeur renonçant aux explications techniques et aux analyses qui avaient caractérisé le discours sur la musique dans les années d'après-guerre ; elles cherchent moins à fixer des notions ou des positions qu'à mettre en question les évidences présumées et à dégager un espace pour l'imagination. Elles illustrent la situation du musicien actuel, à la recherche d'une nouvelle synthèse entre les formes héritées de la « monstrueuse euphorie du modernisme » et celles que la modernité a rejetées. Cet ensemble de textes paraît pour la première fois en français; il a été choisi par Pierre Michel et traduit par Martin Kaltenecker.