Florbelle
Du roman Florbelle nous ne connaissons que les notes, le fils de Sade ayant brûlé l'ouvrage à la mort de son père. Il s'agissait de journées et de nature dévoilée... En 2011 une exposition prit comme titre Florbelle (after Sade) ; on y précisait : « L'oeuvre manquante devient prescription ! » Pour parler comme Godard, dans prescrire il y a écrire. Et pour écrire Sade il y fallait Cauda. « Entré au château de Silling à l'âge de 17 ans, je n'en suis jamais sorti. » C'est ainsi qu'il ouvre ses journées, par un enfermement, un lieu coupé du monde propice à toutes les transgressions. Une invitation au voyage intérieur où le corps tient lieu de donjon. Un corps qui figure, dans ce face à face Sade/Cauda, trait après trait, un habit de lumière envisagé comme un abîme de lumière. Autrement dit un autoportrait. L'ensemble est dessiné, des encres en mouvement, qui font aussi bien des lettres comme autant de promesses prestigieuses où l'image du sexe s'est glissée sous celle de l'oeil... Métamorphose... Florbelle parmi les herbes grasses : je sais la beauté par peur, disait Bellmer !
Approche ombilicale (d'autant que Cauda y révèle sa véritable identité), Florbelle est aussi un chahut, une danse sans décence. Au XIXe siècle cette gestuelle orgiaque, ce chahut, était du ressort de la police. Orgie, certes, mais protégée (il neigeait sur Paris lors du confinement qui a servi de château pendant son écriture), recueillement monstrueux où les dessins confondus au tissu des mots emportent le lecteur jusqu'au bout de ses rêves les plus fous.