Cet ouvrage s'assigne pour but d'examiner dans quelle mesure, aux origines de la littérature française, les diverses formes littéraires ont conscience de la situation historique de l'homme, à la fois dans un temps historique déterminé, dans un mouvement idéal, et dans un temps universel. Dans quel type de dimension historique, dans quel rapport à la temporalité les diverses formes littéraires se complaisent-elles ? Sphère du moi isolé du monde ? Temporalité historico-politique ? Temporalité universelle, finalisée ? Célébration mythique ? Etiologie (une pensée de la causalité, une étude des causes, une recherche des responsabilités) ? Sont-elles marquées par une pensée de l'Histoire, ou bien lui sont-elles indifférentes ? Quelles poétiques cette pensée contribue-t-elle à mettre en place ? Quelles fonctions ces formes littéraires neuves remplissent-elles dans la société qui s'en délecte ?
L'originalité de cet ouvrage est de porter attention aux formes et non pas seulement aux œuvres singulières, à leur spécificité à l'égard du rapport au monde et des interrogations qu'il suscite. Il s'efforce de montrer que le développement foudroyant de la littérature vernaculaire, entre 1100 et 1250, doit beaucoup au développement d'une conscience historique nouvelle et à une crise de la représentation du monde liée à l'essor d'une civilisation dont l'expansion suppose la remise en cause ou la réévaluation des anciens modes de pensée.