«Réellement râblé mais comme buté, plongé dans ce sommeil que constitue l'entêtement, Maudrechine, bête galeuse, va son chemin, parcourt le bief où il est né ; les coups de rame qui parsèment, la nuit, les canaux avoisinants sont familiers à son oreille. Il pousse son mufle à travers les moissons qui bordent la tourbe, jette un coup d'œil sur cette vase qui conserve ceux qu'il lui appropria au fil des temps, dont un jour les momies sourdront, tenant sur leurs faces desquamées une grimace superbe au chevet de laquelle des anthropologues s'attableront. Maudrechine n'en a cure. Il est ce soir en paix avec la faim. Les ailes des grands moulins diurnes qui, sous le vent, tournent par ici sont maintenant immobiles. Fléché de la sorte, le territoire qui est le sien s'étend au bas de la première ligne de fortifications ; sur les parapets de laquelle des savants parfois prennent la parole devant des écoliers ; indiquent, en allongeant leur bras du côté de la nuit, un objet d'étude. Maudrechine n'entend pas ces exposés, il se moque des arts libéraux. Il feule la nuque basse ; ce trait le distingue des hyènes, convives ordinaires des festins auxquels il préside, les amies de sa saison.»