Fastes du théâtre et du tango autour du corps de Dona Pia, décédée de mort brutale.
Deux maîtres président au rituel funéraire, l'un élégant et solennel, l'autre pataud et bégayant, tous deux anges philosophiques ou professeurs en sciences de la mort. Leur attelage branlant conduit l'étrange cérémonie.
Au gré de celle-ci, la vie de Dona Pia repasse par bribes, par éclats, alors que Alfina (sa soeur), Amédeo (son amant), Miro (son fils) et Lala (sa petite-fille) viennent prendre place auprès de sa dépouille mortelle.
Les temps s'entremêlent. Les discours font place aux explications, aux règlements de comptes, aux questions métaphysiques.
Avec l'arrivée d'Umberto, feu le mari de la défunte, le rite se mue peu à peu en banquet des vivants et des morts. Et l'adieu à Dona Pia prend les allures d'un grand bal drolatique et funèbre où hommes et femmes dansent au-dessus des abîmes.
Umberto
: C'était toujours cette envie de conquérir le monde, de planter mon petit drapeau sur le moindre petit monticule, mais quand je revenais de mes voyages j'étais pourtant bien aise de retrouver ma petite piapia couchée dans le petit lit profond de ma petite maison.
Doua Pia
: Couchée et fatiguée par la vanité des hommes, ô mon époux adoré et certains jours détestable.
Umberto
: C'est vrai, nous nous étions encore disputés...
Dona Pia
: Et cette fois-là c'était encore toi qui avais commencé la chamaille, mon mari chéri.
Umberto
: Bien que ce fit notre chamaille de toujours, ma biche dorée, juste pour nous sentir un peu, juste pour nous tenir au chaud de la patate...
Dona Pia
: C'est dangereux quelquefois la patate, mon bichon, on dit quelquefois ce que l'on pense un peu.
Umberto
: Et qu'est-ce qu'on pense ?
Dona Pia
: Il y a un mot que tu n'aurais pas dû prononcer, époux de mon coeur.
Umberto
: Un mot, rien qu'un mot, mais qu'est-ce qu'un mot dans l'existence ?