« Pour saisir à pleines dents le monde dans ce qu'il a de sincère, il faut d'abord bien entendre ce que disent les mots qui le désignent. Parce que c'est par là qu'il est passé, le monde, pour arriver jusques à nous. Il faut renverser les vocables afin que leur fond remonte à la surface, en voir toutes les facettes, en extraire la substantifique moelle et apprécier les grandes dates de leur histoire. Sinon, on passe à côté des mots sans les voir, on les dit sans leur musique, on les récite et, partant, on parle du monde avec des silences. »
Une longue et joyeuse conversation réunit poète, géographe, climatologue et autre esprit pseudo-scientifique autour d'une table où le vin hongrois coule généreusement. Bertrand Redonnet y fouille la langue, questionne les paysages pour habiter le monde passionnément. L'amoureux d'étymologie nous donne là une démonstration jubilatoire du pouvoir de la poésie et de la littérature : « Elles prétendent dire l'état du monde, dans sa beauté comme dans sa laideur... »