En un monde marqué simultanément par l'accélération de la vitesse des transactions et l'opacité croissante de l'information, le décryptage des enjeux géopolitiques présuppose de sonder trois espaces différents. Il s'agit d'examiner en premier lieu les tensions géopolitiques de surface puis, en deuxième lieu, de regarder au-dessus de la surface des eaux, dans l'espace numérique où de nouveaux territoires à conquérir sont nés. Enfin, il convient surtout de sonder les courants profonds qui soulèvent l'écume géopolitique de surface.
Ces mouvements obscurs sont d'ordre géoéconomique. Depuis la fin du XVIIIe siècle, la conjonction des intérêts privés s'est cristallisée dans l'édiction des banques centrales. Ces dernières ont souvent asséché la structure vive des États pour donner naissance à une nouvelle organisation du pouvoir. La géopolitique de la sphère financière ressemble à celle des profondeurs d'un océan par une nuit sans lune. Les sous-marins y circulent tous feux éteints vers des paradis inconnus. Au sein de cet espace unifié et opaque, la vitesse de circulation est en constante augmentation. Quant aux centres effectifs du pouvoir, ils ne souhaitent guère être éclairés.