Guerre
« Je m'étais divisé en parties tout le corps. La partie mouillée, la partie qu'était saoule, la partie du bras qu'était atroce, la partie de l'oreille qu'était abominable, la partie de l'amitié pour l'Anglais qu'était bien consolante, la partie du genou qui s'en barrait comme au hasard, la partie du passé déjà qui cherchait, je m'en souviens bien, à s'accrocher au présent et qui pouvait plus - et puis alors l'avenir qui me faisait plus peur que tout le reste, enfin une drôle de partie qui voulait par-dessus les autres me raconter une histoire. C'était plus même du malheur qu'on peut appeler ça, c'était drôle. »
Écrit deux ans après Voyage au bout de la nuit, Guerre lève le voile sur l'expérience centrale de l'existence de Céline : le traumatisme physique et moral du front. Avec ce livre d'une violence totale, entre récit autobiographique et oeuvre d'imagination, une pièce capitale de l'oeuvre de l'écrivain est mise au jour.