Habiter le désert
Les Touareg de l'Ahaggar
En octobre 1951, un jeune instituteur de vingt-quatre ans, Marceau Gast, arrive au Sahara chez les Touareg Kel Ahaggar, dans le sud algérien. Pendant trois ans, il sera instituteur nomade, changeant de groupement à chaque rentrée scolaire. Au gré des saisons et des parcours, Marceau Gast photographie les différentes facettes de la vie nomade oscillant entre les ressources rares des monts escarpés de l'Ahaggar et l'abondance des pâturages salés, à six cents kilomètres plus au sud, dans les plaines de la Tamesna. Pour ses hôtes, habiter le désert rime avec nomadisme. Mais, en ce milieu de XXe siècle, la gestion coloniale du vaste territoire des Kel Ahaggar relève de deux administrations distinctes - l'Algérie et l'AOF (Afrique occidentale française). Cette partition porte en germe la menace qui s'abattra sur la salutaire mobilité nomade entre montagne et plaine.
Les photographies de Marceau Gast témoignent d'un mode de vie qui en quelques décennies s'est profondément transformé. L'instituteur devenu ethnologue en 1960 poursuivra les questionnements nés au cours de son premier séjour dans l'Ahaggar. Il constituera un important corpus photographique pour illustrer ses recherches sur l'alimentation en milieu aride et les stratégies mises en oeuvre pour échapper à la famine.